Prolongation de l'exposition de Christophe Airaud - Faire avec Peu jusqu'au 2 mars 2024 inclus.

L'Ivresse des Sens

Ce projet est né sur des retrouvailles...
Les retrouvailles d’un vieil agenda de photos sur la féminité datant de 1993...
Les retrouvailles d’une amie modèle, danseuse, comédienne et chanteuse, avec qui j’avais suivi des cours de théâtre dans la même école 16 ans auparavant et que j’avais perdue de vue...
A l’époque déjà, nous avions très vite eu envie de travailler ensemble des scènes de théâtre ; aujourd’hui encore, après tout ce temps passé, cette envie et cette attirance artistiques étaient toujours intactes.
Les retrouvailles de cet agenda et de ses photos empreintes d’une féminité subtile, délicate ou assumée, m’obsédaient littéralement.
Et les retrouvailles artistiques avec cette amie qui me redonnait envie de créer une série au travers de sa féminité, ont créé l’alchimie subtile d’un travail qui n’en était presque pas un au départ...
En effet, nous avons commencé à travailler presque à l’impromptu...
Alors que Laura se maquillait, se changeait, bougeait et évoluait autour de moi sans poser, j’ai sorti mon appareil et j’ai pris toutes ces photos à la volée, à l’échappée belle... dans le flou, dans le mouvement...
Elle bougeait et je shootais... Beaucoup...
Puis, je découvrais et redécouvrais ce qui m’avait attirée dans ses mouvements, dans sa danse improvisée, dans cette scène non répétée que nous avions jouée ensemble naturellement.
Le résultat m’a bluffée !! Je retrouvais littéralement cette attraction pour ces photos d’une féminité absolue ; tantôt sensuelles, éthérées ou évanescentes, parfois clairement plus fortes ou affirmées ; définies ou floues, posées sans le vouloir ou dans le mouvement... et qui me rappelèrent toutes les photos de cet agenda.
Mon lien passionnel entre les deux travaux me paraissait évident.
Une série était née.
Toute cette féminité que je désirais retranscrire comme elle m’avait nourrie presque inconsciemment toutes ces années, se trouvait là sous mes yeux, incarnée différemment, me rappelant à moi ce passé de photographies qui avaient marquées mon oeil et ma mémoire, mais se révélant à ma façon, toujours dans ce flou et ce mouvement... comme une ivresse... forcément dans un style vintage qui me tenait à cœur pour rendre cette série complètement logique et cohérente.
Le passé et le présent se rejoignaient... Ces photographies « d’antan » se rematérialisaient dans mes nouveaux travaux pour parler d’un même sujet.
Ce sujet : la féminité, se déployait sous mes yeux sous certaines formes déjà évoquées comme le flou ou l’évanescence, ainsi que dans le mouvement... Et ces photos me donnaient parfois ce sentiment d’ivresse... D’ivresse des sens : d’un sens presque littéral, mais surtout d’un sens figuré magnifié.
En effet, je découpais mon travail de shooting autour de la féminité démultipliée et incarnée au travers des sens : comme l’odorat, devenant une ivresse olfactive ; le toucher, une ivresse sensuelle ; la vue, cette ivresse photographique ; le goût ou l’ivresse enivrante ; et l’ouïe devenant l’ivresse du mouvement comme une danse de tous ces sens.
Morgane Talula