Derniers jours exposition EMPIRE de Yann Verrier Sauvaire à voir jusqu'au 27 avril 2024
Lin Zhipeng, alias No.223, né à Guangdong en 1979, est une figure de proue de la nouvelle photographie chinoise qui a émergé au cours des dix dernières années. www.linzhipeng223.com
L’artiste a pris le pseudonyme « No.223 » il y a plus de 20 ans sur les réseaux sociaux. Il s’agit en réalité du nom d’un jeune inspecteur de police, personnage fascinant, dans le film Chungking Express de Wong Kar-Wai sorti en 1994. On pourrait comparer le travail de No.223 avec le style poétique et esthétique du réalisateur hongkongais. Une atmosphère colorée, teintée de solitude et de mystère à l’instar de nombreux personnages des films de Wong Kar-Wai. À travers ses photographies de sujets nus ou à moitié nus, No.223 dévoile la nudité sans filtre de ses sujets et accessoires. À la croisée des chemins entre la photographie documentaire et la photographie conceptuelle, entre la réalité et l’évasion, le travail de l’artiste est bien loin de la photographie de nus superficielle et répétitive qui est désormais légion sur la scène artistique.
No.223 dévoile en filigrane l’essence de la contre-culture chez les jeunes. Il nous montre de jeunes gens qui profitent de la vie et de l’amour, passant de moments de mélancolie à une sexualité libérée. La trame de son travail s’éloigne non seulement du conservatisme imposé par la société, mais également des indifférences de sa patrie et de la perception de la jeunesse chinoise par l’Occident. Son fil conducteur révèle la force de la nudité, mais aussi sa vulnérabilité.
No.223 a inscrit sa signature photographique bien avant que Ren Hang ne se consacre à cet art. Il commença la photographie au début des années 2000 par la photographie de rue. Certaines de ces œuvres mémorables sont des clichés pris depuis un ancien aéroport. C’est là que, par hasard peut-être, une amie lui demanda de la photographier. Peu après cela, No.223 saisit ce qui définira par la suite sa signature, sa photographie artistique. No.223 utilise la pellicule comme support depuis 2004 et ses amis et son quotidien sont sa source d’inspiration.
À travers ses œuvres, Lin Zhipeng se lance dans une quête de liberté dont il ne jouit pas vraiment en Chine. La censure le contraint à ne dévoiler ses nus modernes et à caractère sexuel que dans certaines galeries d’art sans rien révéler de son engagement artistique contre la censure qui lui est imposée ou celle qui est dictée par le conservatisme social. Cette réalité l’empêche de publier et de montrer son travail sur les réseaux sociaux. Comme il le dit lui-même, il doit obéir à la loi de son pays. Toutefois, des publications telles que Sour Strawberries en 2018 et Hidden Track en 2016 aux Éditions Bessard ainsi que les quelques expositions qu’il a pu faire en Occident, notamment No.223@in)(between, lui offrent en quelque sorte un supplément de liberté artistique dont il ne dispose pas en Chine. Ainsi, l’artiste peut dévoiler aussi bien sa réalité, en photographiant ses amis et son quotidien, sujets de sa photographie documentaire, que la forme d’évasion dont recèle sa photographie conceptuelle.
Lors d’une interview accordée au magazine SLEEK dans la rubrique Art and Photography en août 2018, No.223 expliqua que le fait de le comparer à Ren Hang était une erreur. Cette exposition met en avant son travail et lui offre une nouvelle occasion de continuer à montrer son œuvre à Paris, comme cela fut le cas en 2018, lors de son exposition excentrique réalisée par Anna Mistal à l’hôtel Grand Amour : No.223@GrandAmour.
Colors of Love
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