Actuellement exposition Avant les nuages d'Emmanuel Gilbert jusqu'au 25 mai.

Almendrones

Présentation
Almendrones, c’est le nom familier pour désigner les automobiles américaines des
années cinquante encore en circulation à Cuba. Il vient du mot almendra, amande en français, dont la forme évoque la silhouette arrondie de ces voitures emblématiques.
Leur survivance plus de 60 ans après la victoire de Fidel Castro est une singularité unique au monde, liée à l’embargo imposé par les Etats-Unis et à l’impossibilité
d’acquérir des véhicules neufs pour la plupart des Cubains.
Avec leur carrosserie hors d’âge, les almendrones témoignent de la résilience du peuple cubain et racontent à leur façon l’histoire complexe de l’île.
Victimes de l’outrage du temps et des pénuries à répétition, les robes de ces vieilles
américaines autrefois flamboyantes ont été maintes fois restaurées, rafistolées
bon an mal an.
Elles recèlent aussi un trésor caché qui a été une source d’inspiration inattendue pour le photographe de rue que je suis, habituellement plus enclin à saisir des scènes de la vie quotidienne que des natures mortes.
Craquelures, coulures, fragments écaillés ou bien poncés dessinent des compositions uniques et énigmatiques qui semblent tout droit sorties de l’imagination d’un artiste.
La matière éclatée révèle une palette de couleurs en strates créant de puissants jeux de lumières qui ne cessent de surprendre.
Au hasard des rues, ce sont des tableaux roulants semblables à des toiles abstraites qui s’offrent au regard. Des figures multicolores et foisonnantes, ou de singuliers
monochromes émergent sur des portières, des ailes, supports d’une exposition fugace.
Gardiens involontaires des vestiges d’un autre temps et bricoleurs de génie, les
Cubains sont devenus les créateurs d’œuvres éphémères que la photographie permet de fixer.
Aujourd’hui considérés comme patrimoine national, les almendrones sont interdits de sortie du territoire.
Kristian Autain