Actuellement exposition Avant les nuages d'Emmanuel Gilbert jusqu'au 25 mai.

Avant les nuages

AVANT LES NUAGES
Ça commence dans la vallée, où la montagne n’est encore qu’une succession d’arrondis verdoyants.
Le bruit du monde est encore perceptible, le son des rivières est encore doux.
Les chemins serpentent entre les prés et les arbres. Praticables, faits pour l’homme.
Au fil des pas, des heures de marche, le chemin se transforme lentement, se fait plus rude, plus rugueux. La terre se parsème de cailloux, de pierres qu’il faut savoir éviter, contourner, enjamber. Cela s’apprend.
L’altitude se fait voir : les pentes deviennent plus raides, les prairies d’herbe rase occupées de troupeaux de brebis remplacent les champs cultivés, les buissons de genévriers et de rhododendrons commencent à apparaitre.
L’altitude se fait ressentir : le cœur s’accélère, le souffle devient plus court, le poids du sac se fait plus présent. Le corps se rappelle à nous.

L’altitude se fait entendre : les ruisseaux se sont transformés en gaves tonitruants, qui tapent la roche et projettent leur éclats blancs et mousseux ; les cascades elles aussi apparaissent, au détour d’une faille et martèlent la roche en contre-bas ; le cri des rapaces remplace le chant des passereaux.
Le chemin est sinueux ; parfois il nous fait trébucher.
Et au détour d’un virage, les premiers sommets nous apparaissent.
La roche est nue, dure, seulement parée d’une végétation éparse et de nuages qui s’y accrochent. Plus rien d’autre.
Les couleurs ont définitivement changé. Nous entrons dans un nouvel univers.

Nous y sommes.


À mes parents,
À mes racines,
À mes montagnes